1.1.5 - Comment prendre en compte le paysage dans l’état des lieux ?

mise à jour: 13/04/2021

SOCLE COMMUN

Cette partie propose une méthode de lecture et d’analyse du paysage qui vient compléter les approches scientifiques précédemment développées et permet de poser les bases pour la définition du projet (ou OLT) pour un ENP, notamment en matière d’accueil du public (aménagement et valorisation).

Les espaces naturels protégés n'ont pas tous une vocation paysagère à proprement parler. Toutefois cette dimension, fédératrice car à la portée de tous, peut être envisagée selon deux approches :

  • Elle peut faciliter l’appropriation par les acteurs de la démarche de préservation d’un site et leur mobilisation, le paysage renvoyant à leur histoire commune avec ce site ;
  • Elle peut également conditionner ou encourager, du fait de certaines contraintes associées à la qualité reconnue du paysage, une option de gestion.

L’ensemble de la démarche paysagère est décrit dans le guide méthodologique sur les paysages réalisé par le Conservatoire du littoral en 2013.

Comment conduire une « reconnaissance sensible » ?

Etablir une complicité sensible avec l’espace et la nature

La description des émotions procurées au contact des paysages constitue un préalable. Mais pour qu’elles puissent s’exprimer, il faut « entrer en contemplation », « vivre le site ». Cela ne signifie pas rester immobile, au contraire il s’agit de tracer un trajet de paysage en explorant activement les différentes ambiances, milieux, lieux…

S’imprégner du site pour mieux le servir

La reconnaissance sensible demande pour être efficace un contact individuel avec le paysage, de préférence à pied et sans carte. Dans un second temps, après la divagation solitaire, la reconnaissance in situ gagne à s’effectuer en équipe. La connaissance du site s’affine par les échanges croisés entre gestionnaire, élus, associations, etc. Le témoignage des savoirs-faire locaux vont nourrir les réflexions. Une sortie de plusieurs heures lie les marcheurs au territoire vécu : elle laisse s’exprimer de façon partagée « l’esprit des lieux » avant d’évoquer les pistes de projet en tant que tel.

Utiliser les outils de la photographie et du croquis pour révéler le caractère d’un lieu

Le dessin par les choix qu’il opère, est subjectif : le fruit d’une expérience propre. Il est porteur d’émotions, susceptible de renouveler les regards et souvent apprécié des acteurs du territoire comme support de discussion sur la perception d’un lieu. Le « sensible » mérite d’être capté par le croquis.
Il peut aussi l’être via la photographie utile pour mettre en évidence le beau (panorama remarquable) et le moins beau (usages inapproprié, aménagement inadapté, etc.).

Quels sont les outils de l’analyse paysagère du territoire et du milieu ?fleche-haut_red.png

Nommer, cartographier, emboîter les échelles pour réaliser la carte des paysages

Décrire et nommer les paysages collectivement permet le partage de valeurs communes. L’organisation d’ateliers de toponymie pour préciser les noms et les limites des entités paysagères contribue à faire naître une image partagée des paysages. Cette appropriation constitue un substrat favorable à l’émergence de projet.
La carte des paysages est l’outil privilégié pour localiser délimiter et nommer les différentes entités. Elle peut être redessinée à la main ou travaillée à l’ordinateur, elle permet de rassembler et partager en une seule et belle image des impressions dispersées. Sous des allures d’objectivité, elle est orientée. Elle rehausse et interprète les motifs qui sur le terrain sont particulièrement prégnants ou sur lesquels se portent des enjeux ou menaces plus ou moins importants. Cette carte est souvent au centre des échanges entre acteurs du territoire et deviendra le fond sensible de la stratégie paysagère.

Vulgariser et représenter les données : la coupe et le bloc diagramme

Le bloc diagramme et la coupe viennent compléter la carte des paysages. Ils peuvent investir des échelles extrêmement variées. Sur plusieurs centaines de Km², ils donnent les grands traits du relief. Sur quelques dizaines de Km², ils représentent des formes de rivages complexes, des coupes sur un sentiers, etc.

La coupe comme trajet

La coupe sur laquelle figure de façon sensible et non schématique l’occupation du sol est d’autant plus efficace qu’elle se rapporte à un trajet : du plateau à la falaise, de la falaise au rivage, etc.

Croquis d’Alain Freytet
Croquis d’Alain Freytet

Le bloc diagramme : une représentation complète en profondeur

Le bloc diagramme fait converger les avantages de plusieurs modes de représentations : la coupe, le croquis, le plan. Sa tranche dessine une coupe déformée. Elle permet d’apprécier, voire de mesurer avec exactitude les hauteurs et les longueurs. Le sol et son occupation s’y exprime de façon réaliste.

Croquis d’Alain Freytet
Croquis d’Alain Freytet

Le paysage est considéré ici comme une discipline propre relevant en premier lieu de la dimension sensible.
Analyse paysagère, écologique et des activités humaines se nourrissent et doivent au final converger vers la définition du projet pour le site.
Concrètement, les données scientifiques peuvent être mises en paysage par des photographies montrant à la fois une plante en gros plan et le paysage au loin, par des croquis perspectifs expliquant la répartition de la végétation en fonction du relief, des sols et de l’histoire. 

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